Sans m'arréter aux décisions de ceux qui jugent d'un auteur, qu'ils ne sauroient lire dans sa langue, j'ai examiné les remarques qui avoient été publiées sur mon livre: j'ai tâché de profiter de tout, et de convertir en suc médicinal le poison même de la critique2. Et c'est a quoi depuis longtems je me suis presqu'uniquement appliqué. Vous, Sire, qui dans le cours d'une journée remplissez tous le devoirs de la royauté, et trouvez encore le tems de nous donner quelque chef d'oeuvre dans les beaux aris, vous devez bien plaindre la lenteur de notre esprit; vous, dont les instants valent des années.3 Tout le monde, disoit Hirtius, admire la beauté des écrìts de César; nous les admirons bien davantage; nous, qui, les lui ayant vû composer, savons le peu de tems qu'ils lui ont coûté.4
Mais, Sire, si j'ose encore vous parler de moi, je ne me suis pas borné a la seule correction de mon livre. J'y ai ajouté un nouveau Dialogue; où j'ai' introduis un antineutonien, et tâche de résoudre les difficultés, qui ont été faites contre le sistème de Neuton. Ce grand philosophe et Galilée son prédécesseur ont eû à peu près le même sort. Tous deux ont substitué l'expérience et la géométrie aux rêveries de l'éco/e. L'un a triomphé par là d'Aristote, qui était si redoutable par l'ancienneté de son empire; l'autre de Descartes, qui ne l'étoit par moins par le nombre, et par la force de ses pariisans. Tous deux ont changé totalement la face de la physique; mais tous deux ont eû à essuyer quantité d'objections, qui, pour avoir été faites par des philosophes, n'en sont pas moins puériles.
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