Encore une fois dis-je, parceque j'ignore absolument s'il me sera jamais permis de parcourir encore ces contrées. Mon emploi, mes affaires domestiques, et des autres raisons particulières m'obligeront dorénavant de rester dans ma patrie, dont je ne me suis écarté que trop dans les années passées; et quand même des circostances imprévues aussi bien qu'imprévoyables me forceraient de m'en éloigner de nouveau, il ne serait peut-être pas celui-ci l'endroit où mes pas se dirigeraient, car mon voyage pourrait avoir un autre but, ainsi un bout tout different.
J'ai goûté du plaisir de rendre mes hommages à Mr. le Chevalier votre père et à M.me votre Mère qui jouissent l'un et l'autre d'une santé la plus digne d'envie. J'ai pressé contre mon coeur ce bon enfant de votre pétit advocat et j'ai témoigné à la fois ma surprise à l'aimable Constancine pour la belle taille qu'elle a développé en si peu de tems. Je vous en fais mes complimens, Madame, bien que [...] ne sont ordinairement pas le plus joli présent pour des jolies Dames. Que des louanges sur les charmes de leur filles. Un peu de jalousie, un petit morceau de dépit, une subtile tranche d'intérêt personnel joint à quelque scrupule d'amour propre s'en mêlent toujours, en donnant plus d'accès à la flatterie qu'à la vérité. Mais vos vertues méritent bien qu'on vous rétranche de la règle générale, et que l'on parle à vos oreilles, comme on parlerait à celle de la sagesse même. Vous ne savez point accueillir dans votre âme ces idées fausses ni ces préjugés vulgaires, qui gàtent et corrompent si misérablement la plus part des têtes de votre sèxe, de ce beau sèxe doux, charmant, enchanteur, dont l'humanité serait d'autant plus honorée, si elle n'en portait pas l'empreinte de ces petits défauts. N'en soyez-point en colère, ma bonne amie.
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Chevalier Mère Constancine Madame Dames
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