E con tutti i sentimenti degni di voi mi confermo vostro amico e servitoreGius.e Gioach.o Belli
LETTERA 89.
A MADAME HORTENSE ALLART DE THÉRASE[Le 20 mars 1828]
Madame,
J'ai lu vôtre beau roman, et je vous en dire un mot, bien que je connaisse cette règle établie par la prudence de ne jamais donner des conseils et d'avis à qui n'en démande pas. Vous trouverez par conséquent dans ma démarche plus de franchise que de politesse. Mais comme je crois vous avoir comme femme supérieure et dégagée des outrances qui constituent la pluspart des bienséances de la société, je hazarde d'enfreindre auprès de vous cette loi vigoureuse pour m'éléver jusqu'à vôtre caractère, ou, si vous voulez, jusqu'à vôtre indulgente. Ce sera tout dit sur les impressions que la lecture de vôtre ouvrage m'éxcita, lorsque je vous aurai assurée que je l'eusse répétée très-volontiers si ce n'eût été la crainte d'abuser de vôtre prêt. L'attention suppléa cependant au retour; et je conserve et conserverai pour long-temps cet enthousiasme de pensées, ces émotions de coeur et ce trouble d'esprit, dont vous savez si bien le secret.
Peu de livres de cette éspèce peuvent amener un lecteur non commun à réfiéchir autant que vôtre Gertrude le fait; très-peu lui inspirer un intérét si vif et si constant dans des bornes aussi étroites que le salon d'une société à la mode, la maison d'une famille, les murs d'une rétraite, et le coeur de deux amants. Il faut beaucoup connaître la nature humaine, les ressorts des passions et les mysthères de la méthaphisique pour s'emparer de la sorte de l'esprit des hommes avec si peu de moyens et sans le divertir. Il est nécessaire d'avoir profondement médité sur la politique des états, sur les bésoins des peuples et sur les verités de la philosophie pour dévélopper avec tant de vigueur et de noblesse des principes sublimes, importants, vrais, mais égarant à la fois une raison non radicalement affermée à faide de la méditation et à l'école de l'expérience.
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Gioach Belli Gertrude
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