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      Là tout l'univers a disparu devant vos yeux. Pour un traité de moeurs cela irait à merveille; mais pour de moeurs en action, pour des passions considerées en rapport avec leurs sujets, enfin pour un roman qui doit ressembler à une histoire, peut-être foudrait-il ménager d'avantage les esprits et ne les pas fatiguer avec un luxe de speculative qui les épuise tout en les extasiant.
      Or c'est précisement là que s'appuye la deuxième partie de mes timides plaintes contre cet ouvrage, ainsi d'ailleurs admirable par tant de sublimité. Je le répète: me tromperais-je, Madame, ou n'auriez-vous point poussé trop loin vos principaux caractères? Vous avez du talent et de la conscience plus qu'il n'en faudrait à plusieurs écrivains à la fois. Examinez donc sans prévention et sans amour propre si mon opinion est juste ou non; et daignez m'éclairer si je vis dans l'erreur. En général j'ai toujours cru incontestable à l'égard des peintures morales que tout ce qu'on n'ait pas trouvé en soi méme, il faille le chercher dans la société moyennant une observation mûre et une analyse assidue et scrupuleuse. C'est pas ce seul moyen qu'on surprend la nature et qu'on la copie. Ce qui n'est d'aprés nature n'est vrai; et l'imaginaire pourra bien frapper, émouvoir, ébranler, mais il ne laissaira aprèes lui rien de solide, il ne fera jamais du bien. Il est hors de question que la nature se plait quelquefois des éxtrémités et se jette à l'extraordinaire: cependant Aristote qui prévit l'écueil où échoueraient les auteurs dont l'imagination fouguese se laisserait séduire par ces efforts, leur remontra de se défier de la vérité elle-même quand elle ne portàt la masque de la vraisemblance; ce que Boileau a depuis répeté en ces termes:
     
      Jamais au spectateur n'offrez rien d'incroyable:
      Le vrai peut quelquefois n'étre pas vraisemblable".


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Le lettere
di Giuseppe Gioachino Belli
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Madame Aristote Boileau