C'est a dire, en un mot, qu'il a tout basti en l'air.
Ie ne dis rien des demonstrations de geometrie, dont la plus part de son livre est rempli, car ie n'ay sceu avoir la patience de les lire, et ie veux croire qu'elles sont toutes vrayes. I'ay seulement remarqué, en voyant les propositions, qu'il n'estoit pas besoin d'estre fort grand geometre pour les trouver: et iettant les yeux sur quelques unes, i'ay apperceu qu'il s'en faut beaucoup qu'il n'y suive les plus cours chemins.
Au reste cecy ne sera vû, s'il vous plaist, que de vous seul, qui avez desiré que ie vous l'escrivisse, et a qui i'ay tant d'obligations que ie croy ne vous devoir rien refuser qui soit en mon pouvoir. Sans cela ie ne me serois pas amusé a reprendre les fautes d'un autre, car il n'y a rien de plus contraire a mon humour. Et du moins, si ie l'avois fait, i'y aurois adiousté les raisons de mon dire plus soigneusement que ie n'ay fait, affin que ceux qui ne me connoistroient pas comme vous, ne se peussent imaginer que i'eusse iugé sans raison.
[vedi figura 3797b.gif] Ie passe aux articles de vos lettres, ausquels la violence du sommeil m'empescha dernierement de respondre. Et premierement, touchant Galilée, ie vous diray que je ne l'ay jamais vû, ny n'ay eu aucune communication avec luy, et que par consequent ie ne sçaurois en avoir emprunté aucune chose. Aussy ne voy-ie rien en ses livres qui me fasse envie, ny presque rien que ie voulusse avouer pour mien. Tout le meilleur est ce qu'il a de musique; mais ceux qui me connoissent peuvent plutost croire qu'il l'a eu de moy, que moy de luy: car i'avois escrit quasi le mesme il y a 19 ans, auquel tems ie n'avois encore iamais esté en Italie, et i'avois donne mon escrit au S.r Beecman(933), qui, comme vous sçavez, en faisoit parade et en écrivoit çà et là, comme de chose qui estoit sienne.
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