A Crassi, a Lausanne, je me livrai à l'illusion du bonheur: mais, à mon retour en Angleterre, je découvris bientôt que mon pêre ne voudrait jamais consentir à cette alliance, et que, sans son consentement, je serais abandonné et sans espérance. Après un combat pénible, je cédai à ma destinée. Je soupirai comme amant, j'obéis comme fils. Insensiblement, le tems, l'absence et l'habitude d'une nouvelle vie guérirent ma blessure. Ma guérison fut accélêrée par un rapport fidèle de la tranquillité et de la gaieté de la demoiselle elle même; et mon amour se convertit peu-à-peu en amitié et en estime. Ivi.
(11) Tout considéré, je puis appliquer au premier fruit de ma plume, les paroles d'un artiste bien supérieur, passant en revue les premières productions de son pinceau. Après avoir examiné quelques portraits qu'il avait peint dans sa jeunesse, mon ami, Sir Josué Raynolds, convint avec moi, qu'il était plus humilié que flatté de la comparaison avec ses ouvrages actuels; et qu'après tant de tems et d'application, il s'était imaginé que ses progrès étaient beaucoup au-dessus de ce qu'il reconnaissait qu'ils etaient en effet. Ivi.
(12) C'est à Rome, un 15 octobre 1764, que rêvant, assis au milieu des ruines du capitôle, pendant que nus-pieds les moines chantaient vêpres dans le temple de Jupiter, l'idée de tracer le déclin, et la chûte de cette ville, vint pour la première fois se saisir de mon esprit. Mais mon plan était borné d'abord à la decadence de la capitale plutôt qu'à celle de l'Empire; et quoique mes lectures et mes réflexions commençassent à se diriger vers cet objet, quelques années s'ecoulèrent, et bien des diversions survinrent, avant de m'engager sérieusement dans l'exécution de ce laborieux ouvrage.
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