Étant un jour chez M. Looke, celui-ci lui parla d'un fait qu'il avait récemment observé et dont il ne trouvait pas l'explication. Il dit qu'ayant versé du vinaigre sur du nitre, et ayant placé ce mélange sur un feu assez vif, il s'était dégagé de l'acide nitreux fumant. Gahn ne se rendit pas mieux compte du phénomène, et promit d'en parler à Bergman, lequel n'en trouva pas non plus l'explication. Gahn vint quelques jours après l'annoncer à Looke, et, en l'absence da maître, il s'adressa à un jeune homme qui lui dit que rien ne lui semblait plus facile que d'expliquer cette réaction. L'acide nitrique, lui dit-il, comme l'acide vitriolique, peut exister dans deux états. Dans le premier, il a plus d'affinité pour la potasse que le vinaigre, mais dans le second, il en a une plus faible. La chaleur le fait passer du premier état au second, et, dans ce cas, il peut être décomposé par le vinaigre.
Le jeune homme qui venait de donner cette lumineuse explication était Scheele. Dès lors Gahn se lia intimement avec lui, et ils se communiquérent réciproquement toutes leurs recherches. Lorsque Gahn proposa à son ami de le mettre en rapport avec Bergman, Scheele parla des premières relations qu'il avait eues avec ce savant et dont il avait gardé quelque ressentiment. C'était à Bergman qu'il avait adressé son premier travail sur l'acide tartrique, et le professeur le lui avait renvoyé, après quelque temps, sans l'avoir lu; mai Gahn l'assura qu'il ne pouvait y avoir eu de la part de Bergman que de l'indifférence, sans aucune iutention malveillante.
| |
Looke Bergman Looke Scheele Gahn Gahn Bergman Scheele Bergman Gahn Bergman
|