Non posso oggi dilungarmi perché sono oppresso dalle lettere onde mi restringo ad assicurarvi della perfetta stima e vera amicizia, con cui sarò sempre.
     
     
     
      929
     
      ALLA CONTESSA DI BÉTHUNE
     
      Vienne 31 Mars 1756.
     
      J'ai l'honneur de vous renvoyer, Madame, la charmante lettre de monsieur de Voltaire que vous avez eu la bonté de me communiquer. Votre cruel mépris pour la langue italienne me met dans la nécessité de vous présenter mes très-humbles remercîmens en mauvais françois. Mon style vous choquera-t-il? tant mieux: c'est ainsi que je serai vengé, Madame, de l'ostentation avec laquelle vous faites parade d'ignorer l'italien. Si cela étoit vrai, je ne sens que trop combien j'y gagnerois; mais l'outrage que vous faites par-là à toute ma patrie, l'emporte sur mon profit particulier. Il est tout naturel qu'un homme, qui a été obligé toute sa vie à forger des héros, ait à la fin contracté tant soit peu d'héroïsme.
      A ce que monsieur de Voltaire vous mande du bord du lac de Genève, le voilà donc tout arrangé à se contenter d'être en commerce uniquement avec des truites? Il faut être aussi habile que lui pour en tirer un semblable parti. Ne croyez-vous pas, Madame, qu'il seroit même capable de leur inspirer du goût pour la littérature, si l'envie lui en prendroit? Mais, tout badinage à part, je suis alarmé tout de bon de la gaieté avec laquelle il vous étale les délices de sa solitude. Il seroit aussi étrange que triste pour nous qu'il voulût renoncer tout-à-fáit au commerce des hommes, après avoir tant honoré l'humanité. Oserois-je vous prier, Madame, d'employer votre éloquence pour faire comprendre à monsieur de Voltaire (lorsque vous lui écrivez) iusqu'à quel point je l'admire, je le considère et je lui suis attaché? Vous pouvez avancer avec vérité que je rougis, depuis longtems en secret, de ne point mériter la partialité avec laquelle il a si souvent prévenu le public en ma faveur.