Je fondais cette supposition sur l'inspection de la formule de ce composé, et sur la loi générale, que toutes les fois qu'on expose à l'action décomposante de la chaleur un corps résultant de plusieurs éléments, et capable de se décomposer, il donne constamment des nouvelles combinaisons, qui ont la plus grande stabilité possible sous l'action de la chaleur elle-même. Quelques essais que je fis alors me semblaient donner quelques poids à cette idée, et j'en fis part à l'Académie en me réservant d'étudier la question de plus près. Je dois dire à regret, que les résultats que j'ai obtenus depuis n'ont pas confirmé mes prévisions du côté des applications à l'industrie: toutefois, les recherches assez nombreuses et variées que j'ai dû entreprendre pour arriver à ce résultat négatif, m'en ont fourni d'autres qui, je le pense, peuvent avoir assez d'importance comme faits chimiques pour que j'ose à présent en entretenir l'Académie.
      La réaction des composés oxygénés de l'azote sur l'alcool et sur l'éther, donne, dans le plus grand nombre des cas, de l'acide hydrocyanique: évidemment les premiers fournissent l'azote: l'alcool ou l'éther fournissent l'hydrogéne et le carbone: mais un fait qu'on n'a pas signalé jusqu'à présent, c'est qu'une portion de l'azote se combine à de l'hydrogène et produit de l'ammoniaque.(68) Ce fait s'est présenté constamment dans mes recherches.
      Lorsqu'on prépare l'éther nitreux par le procédé de M. LIEBIG, qui consiste à conduire dans de l'alcool faible un courant d'acide nitreux préparé au moyen de la réaction de l'acide nitrique concentré sur l'amidon, l'alcool qui a servi à cette préparation se trouve après quelques heures de réaction contenir de l'acide hydrocyanique, de manière à fournir un précipité abondant par le nitrate d'argent.