J'ai à cet effet disposé un appareil dégageant du bioxyde d'azote, et j'ai conduit ce gaz dans une éprouvette contenant de l'éther hydrique, et de là dans un tube de porcelaine chauffé au rouge. A l'autre bout du tube j'ai recueilli de l'acide hydrocyanique et de l'ammoniaque. Au reste, ce n'est pas seulement le bioxyde d'azote qui donne ces produits: le protoxyde en donne aussi: j'ai vérifié ce fait par expérience en conduisant dans le tube de porcelaine le protoxyde chargé de vapeurs d'éther: ce qui toutefois n'est pas sans danger, car le mélange des deux corps détonne avec violence.
La constance de la production de l'acide hydrocyanique et de l'ammoniaque par la réaction des composés oxygénés de l'azote sur l'éther s'étend aussi au cas dans lequel l'acide nitrique et l'éther se trouvent en réaction sous une température élevée. Les expériences de M. DALPIAZ que j'ai citées plus haut devaient le faire précipiter, l'éther et l'alcool ne différant entr'eux que par un équivalent d'eau, qui certainement ne joue aucun rôle dans la réaction. Cette présomption a été confirmée par l'expérience: j'ai préparé par la méthode de M. MILLON l'éther nitrique dont la formule en équivalents est C4H9O.Az.O3. Ce corps poussé à l'état de vapeurs à travers le tube de porcelaine chauffé au rouge comme dans les expériences précédentes, a, comme l'éther nitreux, fourni abondamment de l'acide hydrocyanique et de l'ammoniaque.
Des faits que je viens d'exposer on peut déduire que toutes les fois que l'acide nitrique réagit sur un composé riche en carbone et en hydrogène sous une température élevée, le premier effet est son passage à un degré inférieur d'oxydation de l'azote: qu'ensuite si la température est convenable, il se passe une nouvelle série de phénomènes, nouvelle oxydation de carbone et d'hydrogène, et combinaison d'une partie de l'azote avec de l'hydrogène, et formation d'ammoniaque, et d'une autre partie de l'azote avec de l'hydrogène et du carbone, et formation d'acide hydrocyanique.
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