§. 2. Ce phénomène étonna M.r Galvani, peut-être plus qu’il n’auroit dû faire: car enfin le pouvoir, non seulement des étincelles électriques lorsqu’elles frappent immediatement les muscles ou les nerfs d’un animal, mais d’un courant de ce fluide qui les traverse, de quelque manière que ce soit, avec une suffisante rapidité, son grand pouvoir, dis-je, d’y exciter des commotions, étoit une chose assez connue; d’ailleurs il étoit visible comment, dans cette expérience, et dans toutes celles du même genre rapportées dans la première et seconde partie de son ouvrage, et qui sont représentées dans les deux premières planches de figures, sa grenouille se trouvoit effectivement exposée à être traversée par un tel courant. On n’a qu’à se retracer l’action très connue des atmosphères électriques, ou ce qu’on appelle électricité de pression; par la quelle le fluide des corps déférents, plongés dans la sphère d’activité d’un corps électrisé quelconque, est poussé et déplacé, en raison de la force, et de l’étendue, de cette sphère, et entretenu en cet état de déplacement tant que l’électricité dans le corps dominant subsiste, laquelle otée, il revient à sa place des endroits éloignés, peu-à-peu si elle se dissipe petit-à-petit, et en un instant si on la détruit instantanément, en déchargeant tout d’un coup le corps qui en est revêtu. C’est donc ce courant de rétour, ce reflux de fluide électrique dans les corps déférents contigus à la grenouille, ou proches d’elle, son passage brusque du conducteur des muscles au conducteur des nerfs, ou viceversa, à travers son corps, surtout lorsqu’un tel courant est resserré dans le canal unique et étroit des nerfs, qui excite les spasmes et les mouvements dans les expériences dont il est ici question.
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Galvani
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